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Obligation bonheur,


Ça pétille de joie, ça transpire la joie de vivre. Des sourires, des fous rires, se faire plaisir. Des tutos
bonheur, des bullets journal et des objectifs de vie nous ont envahis. Jubiler d'enthousiasme, euphorique
béatitude.

Du bonheur à tout instant, soyez heureux dans votre malheur, voyez la joie dans vos tourments. Félicitez-
vous des épreuves insurmontables. Tout est soleil, paillettes et fêtes. Des strass dans le stress.

Avant on mettait nos plus beaux habits, aujourd'hui on s'habille de joie.
Avant on choisissait nos chaussures, aujourd'hui on chausse nos sourires.
Avant un coup de maquillage et c'est parti, aujourd'hui petite méditation et on y va.
Avant il fallait savoir jongler entre vie familiale, vie professionnelle, le couple et le ménage. Être
organisé, gérer avoir des enfants polis.
Aujourd'hui peu importe le bonjour des enfants, si ils sont épanouis. Parents débordés mais heureux,
travail pas fini mais tout sourire, vie sociale en berne mais dans la gaieté, chez soi en bordel mais dans la
béatitude.


Avant c'était injonction perfection, aujourd'hui c'est obligation bonheur.
Laissez-moi être malheureuse, triste, chagrine. Être fatiguée, éreintée, exténuée. Avoir la nostalgie, le
spleen, la déprime. Avoir le blues, le cafard, le bourdon. Être angoissée, stressée, au fond du gouffre.
Vidée, pleine de soucis. Le moral au fond des chaussettes, les larmes qui montent. Être en colère, agacée,
irritée, énervée, enragée.


Surtout lorsque que l'on me prive de mon malheur et de ses réconforts.
Me contraindre au bonheur et me priver de tout le reste : la tristesse qui m'apprend ce à quoi je tiens. La
peur qui m'aide à prendre mes décisions.
Et la colère qui me fait réagir face aux injustices, m'aidant à lutter contre les aberrations
quotidiennes.

                                                                                                                                                             Ine

                                                                                                                                                              (novembre 2018)

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